L’architecture d’entreprise, de quoi s’agit-il ?

Dans cet article nous allons tenter de démystifier l’architecture d’entreprise et d’introduire deux Frameworks, les plus répandus dans ce domaine. Étant donné l’étendue du sujet, nous allons nous contenter, dans un premier temps, de quelques éléments d’introduction pour vous aider à mieux comprendre l’EA (Enterprise Architecture).
L’architecture
Les différents types d’architecture ont au moins en commun le terme “Architecture”. Que signifie donc ce terme ? Voici la définition proposée par Wikipedia :
L’architecture est l’agencement des formes complexes d’édifices et l’art de les inventer, de les composer, de les concevoir et de diriger leur réalisation. En France, l’architecture est légalement définie comme « une expression de la culture »1, ce qui revient à préciser de manière équivoque que la logique qui prévaut en architecture est relative aux affinités et envies de chacun. Elle peut être à la fois une culture plasticienne, historique, esthétique ou plus largement philosophique, littéraire, environnementale, technique, scientifique, industrielle, commerciale, gestionnaire, financière.
On peut constater en effet que le terme architecture n’est pas spécifiquement lié à un domaine précis, et encore moins à une technologie spécifique. En effet, l’architecture peut s’appliquer dans des domaines divers et variés, y compris l’entreprise. Que signifie donc une architecture d’entreprise ?
Quand on parle d’architecture d’entreprise (AE) il est important de s’abstraire de toutes les considérations technologiques que comprend un système d’information. L’important est de comprendre le fonctionnement d’une entreprise dans toute sa globalité, ses processus métier, son modèle de gouvernance, sa stratégie business, et surtout comment une entreprise implémente des technologies pour atteindre ses objectifs opérationnels.
Aujourd’hui, dans une économie mondiale qui ne cesse d’évoluer, et avec des technologies de plus en plus complexes, les entreprises n’ont cessé de tirer des branches technologiques dans tous le sens, pour répondre aux besoins de leurs clients, et faire ainsi face à la concurrence. Cela s’est traduit inéluctablement par une multiplication des liens entre les différentes applications, les bases de données, les référentiels… enfin toutes les briques se sont entassées de manière peu, voire pas du tout, structurée.
Les entreprises se sont donc retrouvées avec un SI très complexe et surtout très coûteux à gérer, des processus métier qui ne cessent de changer et une stratégie business qui a du mal à décoller. Le désordre. Et c’est à ce problème bien précis que l’architecture d’entreprise tente de répondre.
Les objectifs de l’AE peuvent être résumés, de manière très simplifiée, comme suit:
- Maîtriser l’existant par une modélisation standardisée et une formalisation de toutes les composantes existantes d’une entreprise,
- Inculquer une culture d’architecture à tous les niveaux, allant du top management jusqu’aux opérationnels,
- Fournir un cadre de travail, un Framework, d’implémentation de l’architecture.
Les Frameworks
Il existe en effet plusieurs Frameworks AE. Ici nous mettons le focus sur deux des plus répandus : TOGAF (The Open Group Architecture Framework) et Zachmann.
TOGAF
TOGAF, qui est aujourd’hui à sa version 9.1, est un Framework AE global développé par The Open Group, qui s’appuie en grande partie sur une méthodologie de développement d’architecture appelée ADM (Architecture Development Framework). Ce modèle de développement AE, comme on peut le voir dans la figure ci-dessous du OpenGroup, permet d’implémenter l’AE suivant un processus cyclique.
La première étape “Preliminary” consiste à définir les principales caractéristiques d’une solution d’architecture, à la fois d’un point de vue business et architectural.
La gestion des spécifications se trouve au centre du Framework. Son objectif est d’assurer une gouvernance autour des spécifications d’un projet d’architecture, notamment au niveau des modifications et de la documentation. Toutes les phases de l’ADM sont liées à ce processus central de gestion des spécifications.
Durant la phase d’implémentation d’un processus, ADM propose un ensemble d’éléments à produire sous forme de catalogues, matrices et diagrammes.
Prenons l’exemple de la phase A, Architecture Vision. Durant cette phase ADM préconise une matrice résumant, pour chaque type d’intervenant dans l’organisation, son rôle et son niveau d’implication dans l’architecture. Dans cette phase on retrouve tous les documents (artifacts) auxquels il/elle peut se référer. Par exemple, une personne représentant les ressources humaines peut intervenir dans la définition des rôles et des personnes à même de remplir certaines tâches dans un projet d’architecture. Ainsi le/la représentante des ressources humaines pourra se référer au diagramme organisationnel établi.
En ce qui concerne les diagrammes, dans cette phase on produit les deux diagrammes suivants :
- Solution diagram solution (Description sommaire et high level d’une solution),
- Value chain diagram (Diagramme représentant un avantage concurrentiel).
TOGAF introduit également le concept du Metamodel. Ce dernier définit les entités et leurs caractéristiques qui vont servir à construire un modèle d’architecture. Dans cet exercice de modélisation, on doit se limiter stricto sensu aux entités définies dans le Metamodel. Cela permet en effet de formaliser la description des entités et de cadrer les relations entre celles-ci.
Tout projet s’inscrivant dans une démarche d’architecture d’entreprise dans TOGAF peut implémenter une partie, ou la totalité des phases et processus proposés par ADM.
Zachman
Le deuxième Framework est celui développé par Zachman à la fin des années 80, et qui porte son nom. Comparé à Framework TOGAF Zachman adopte une approche totalement différente. Il part du principe que tout système, y compris une entreprise, peut être décrit selon une matrice précise (figure ci-dessous réf http://www.zachman.com/about-the-zachman-framework)
Zachman propose un méta-modèle de description d’une entreprise selon des classifications et des perspectives. En effet, un intervenant appartenant à une catégorie spécifique (Technique, métier, opérationnelle, etc.) perçoit le système de manière spécifique. Sa description comprend donc tous les éléments sous-jacents qui lui sont spécifiques. La somme de tous ces éléments constitue la définition et la description globale d’une entreprise.
Conclusion
En résumé, l’Architecture d’entreprise est un domaine très vaste. Les deux Frameworks abordés dans cet article proposent deux approches différentes. TOGAF propose une démarche cyclique respectant une méthodologie bien précise, avec pour chaque phase un ensemble de livrables. TOGAF met également l’accent sur l’aspect continu de la mise en place d’une architecture. A l’opposé, Zachman adopte une approche descriptive avec une matrice précise et immuable, des éléments pouvant représenter un système. Dans son ensemble, l’AE a pour but d’aider les entreprises à réduire considérablement le gap entre le business et l’IT. Ce faisant, la stratégie d’entreprise se traduit par une efficacité opérationnelle et surtout une structure flexible capable d’accompagner plus facilement le changement. L’agilité dans l’entreprise.
Merci pour cet article