Supply Chain: bientôt un centre de profits

Début 2022, comme tous les ans, les experts Cellenza ont partagé leur vision des tendances technologiques à suivre dans la Tech’Vision. Parmi les tendances sectorielles, celle de la supply chain est indubitablement l’une de celle qui connaîtra un essor important au cours des 5 prochaines années.
La Supply Chain (ou chaine logistique) représente aujourd’hui un centre de coûts. En l’optimisant grâce à des technologies comme l’IoT, la robotique et l’IA, elle pourrait devenir un centre de profits et générer de la valeur.
La Supply Chain ne doit pas être réduite au seul transport de marchandises : elle véhicule également de précieuses informations sur les produits et leurs conditions de transport. Aussi, pour générer de la valeur, il faut commencer par instrumenter cette Supply Chain avec notamment l’loT , la robotique et l’IA (Intelligence Artificielle).
Supply Chain : les tendances à suivre
Les tendances suivies par la Supply Chain via le prisme de l’industrie 4.0 sont :
- Continuer la transformation vers le Cloud et la modernisation des applications. Ce mouvement permet d’améliorer l’interopérabilité du Système d’Information (SI) et de minimiser le TCO (Total Cost of Ownership ou Coût Total de Possession) ;
- Mettre en place une approche Customer Centric pour capturer leurs demandes et passer sur une dynamique tailor-made (sur mesure) d’amélioration de la segmentation, de la production et de la livraison. Les clés pour améliorer cette chaîne passent par de la technologie avec une meilleure intégration du SI, de l’IoT et de l’IA. Cette démarche passe aussi par la méthodologie S&OP (Sales & Operation Planning) dont le principal objectif est de déterminer ce que les clients achètent et combien ils l’achètent, et la capacité à répondre à la demande.
- Repenser les processus et leur planification pour les simplifier, les automatiser et les standardiser. L’implémentation de l’IoT est un moyen de mesurer la performance en vue de cette amélioration et de la mise en place de maintenance préventive.
- Améliorer l’interopérabilité et les partenaires pour une meilleure visibilité et traçabilité.
Les entreprises doivent suivre ces tendances pour étendre la collaboration et la visibilité de bout en bout dans la Supply Chain. Demain, toutes les données de la chaîne d’approvisionnement seront connectées de manière transparente afin d’améliorer la prise de décisions et les performances. Ici, la technologie permet d’améliorer l’existant mais n’est pas une finalité : elle doit être perçue comme génératrice de valeur.
Ces dernières années, l’augmentation des livraisons unitaires accentuée par la Covid crée un casse-tête pour les planificateurs logistiques sur la livraison du dernier kilomètre. À cela s’ajoute la croissance de la livraison le jour même ce qui souligne l’importance de l’optimisation de la chaîne d’approvisionnement. Pour assurer cette demande croissante d’un volume toujours plus important de colis sur des zones de plus en plus étendues, il faut optimiser de bout en bout l’ensemble du processus de distribution (gestion de la flotte, planification des itinéraires, etc.), jusqu’à la porte d’entrée des clients. Ces défis constituent d’excellents domaines d’application pour l’informatique quantique. Cet outil permet d’analyser des données logistiques complexes pour une livraison rapide et efficace. Ici l’objectif est double : améliorer les services client pour le fidéliser et augmenter les revenus en optimisant la chaine. L’informatique quantique vient à la rescousse des entreprises pour résoudre leur problématique d’optimisation sous contrainte des chaînes d’approvisionnement, des composants et des matières premières :
- l’efficacité du transport passe par l’identification optimale des emplacements pour les usines de fabrication, les centres de distribution et autres plateformes logistiques. De petits ajustements font une grande différence sur les coûts et la productivité globale du réseau.
- le service de gestion d’entrepôt et de distribution va optimiser ses expéditions, ses chargements et l’entreposage pour améliorer la productivité et réduire les coûts.
Les apports de la Blockchain à la Supply Chain
La Blockchain est un registre de transactions où l’enregistrement est permanent, transparent, crypté et immuable. Les smart contracts régissent les conditions et les transactions entre les étapes et les acteurs de la chaine. Actuellement, chaque acteur de la Supply Chain (fabricant, distributeur…) enregistre ses données de production dans des outils non connectés de type ERP (Enterprise Ressource Planning) et WMS (Warehouse Management.
Dans le cadre de l’application de la Blockchain à la Supply Chain, l’ensemble de ces registres de données sont enregistrés dans un grand livre partagé par l’ensemble des acteurs regroupant toutes les étapes. Ce livre peut être vu par n’importe qui sans être altéré. Tous les aspects de la transaction peuvent être enregistrés, depuis l’identité des fournisseurs, la date et le lieu de la transaction, jusqu’à la qualité, le prix et les autres propriétés (convenues) du produit.
Les apports de la Blockchain dans le domaine de la logistique sont nombreux, en particulier sur la transparence, la traçabilité et la sécurité.
La transparence des données devient un levier de différentiation pour les consommateurs qui sont attentifs à la provenance et à la qualité des biens qu’ils achètent. La traçabilité fait partie des fondations des chaines d’approvisionnement et se retrouve totale et inaltérable grâce à la Blockchain. Impossible de mentir sur la provenance ou les étapes de transformation et de transport. Ces deux domaines ajoutent de la valeur à la Blockchain car ils facilitent le contrôle qualité et réduisent les coûts, notamment lors des rappels de produits.
Les services d’audit et de régulation se trouvent aussi très impactés par ce nouvel outil. Le suivi et le contrôle qualité deviennent automatiques et offrent la possibilité d’ajuster la destination des matières premières en fonction du respect des smart contracts tout le long de la chaine.
Aujourd’hui, la Blockchain s’utilise dans des domaines comme celui des denrées alimentaires où de grandes enseignes la mettent en œuvre sous l’impulsion des consommateurs demandeurs de toujours plus de contrôle. Un autre domaine est le passage en douane pour certifier de la provenance de chaque matière première et simplifier les vérifications.
Dans l’attente de normalisation comme c’est le cas pour les douanes, les entreprises doivent mettre en place de tels systèmes ou s’interfacer avec d’autres pour continuer d’optimiser leurs approvisionnements et générer de nouveaux services.
Améliorer la Supply Chain grâce aux Digital Twins
Les Jumeaux Numériques (Digital Twins) permettent de mieux comprendre le comportement de la chaine d’approvisionnement pour prévoir les situations inhabituelles et fournir des plans d’action. Ces jumeaux sont des simulations virtuelles de la structure réelle de la Supply Chain. Pour prévoir le comportement et les processus, ces modèles doivent être le plus représentatif possible de la réalité et bénéficier en temps réel des données (commandes, ventes, avancement des marchandises et des ordres de travail, etc.). Pour être au plus juste, ces données sont recueillies par l’ensemble des capteurs déployés dans le cadre de la Supply Chain 4.0 (IoT, Robotic, etc.) ou par de nouveaux outils comme la Blockchain.
Les “supply chain digital twin” constituent un nouvel outil pour le métier afin d’améliorer les processus de la chaine d’approvisionnement, d’analyser les risques avant qu’ils ne se produisent, d’essayer différents scénarios dans un environnement virtuel et d’améliorer la stabilité organisationnelle. Les modèles permettent de calculer les avantages, les économies et le retour sur investissement potentiel avant de transformer le processus. Grâce à cette collecte des données, les jumeaux numériques aident à identifier les faiblesses potentielles dans tous les aspects de la chaine. Pour générer des jumeaux numériques de la chaîne d’approvisionnement, les données provenant de diverses sources doivent être nettoyées et traitées afin de corriger les données manquantes ou les doublons. Les Digital Twins utilisent l’ensemble des outils de la Supply Chain 4.0 et se superpose à eux en agrégeant les données.
Nouveaux risques sur la chaine d’approvisionnement
Comme pour tous les secteurs où l’informatique est présente, le risque lié à des interventions humaines via du phishing, des « fraudes 419 » ou des méthodes plus sophistiquées (ex : cadeaux, essais gratuits et persuasion par le biais des médias sociaux) a des conséquences sur la Supply Chain. Un nouveau risque en forte évolution, qui impacte directement la chaine d’approvisionnement, porte sur l’IoT. L’utilisation de l’Internet des objets s’est massifiée ces dernières années, entrainant un élargissement de la surface d’attaque. Ces objets peu intelligents et parfois directement connectés à Internet offrent une sécurité faible et représentent une masse de capacité de calcul importante pour lancer des attaques simples de type DDoS. Ce point est développé par la tendance “Cybersecurity Mesh” sur les aspects humains et techniques.
La Supply Chain doit s’adapter à ces nouvelles contraintes et, de par sa nature décentralisée, porter la transformation de la sécurité vers la Cybersecurity Mesh.
De nouvelles perspectives pour la Supply Chain
A travers les évolutions technologiques applicables à la Supply Chain (IA, blockchain, IoT), c’est tout le secteur d’activité qui est transformé en profondeur. Les entreprises cherchent à améliorer leur efficacité financière, humaine et écologique dans ce domaine. De plus en plus cadrés par des contraintes règlementaires, ces sujets sont suivis de très près par les dirigeants. Ceci a pour effet d’accélérer les investissements et appelle tous les acteurs technologiques à apporter leurs solutions sur ces problématiques.
La Supply Chain peut s’ouvrir à des perspectives de monétisation en s’appuyant sur tous ces leviers d’amélioration : IoT, IA, etc. Tous les jours, des millions de camions sillonnent nos routes pour livrer leurs charges, y compris dans des zones reculées. Ces mêmes localités où les services publics ont du mal à être présents pour obtenir des données météorologiques, connaître l’état des routes, celui du réseau de télécommunications, etc. Dans ce cadre, des camions équipés de dispositifs simples de capture fournissent une mine d’information à moindres coûts. Le réseau de livraison peut servir de support à l’ajout de nouveaux services monétisable en s’appuyant sur l’ensemble des capteurs et des outils de la Supply Chain 4.0.
merci pour cet article et cette analogie entre supply chain et blockchain très intéressante sur le papier.